En Inde et en Asie, les risques d’agression sont extrêmement faibles, mais il est vrai que les jeunes femmes occidentales n’y ont pas forcément bonne presse, la faute au comportement de certaines femmes et aux films de cul qui circulent sur le net et sous le manteau. Aussi, il faut être prudente et ne pas provoquer, s’adapter tant que faire se peut aux mœurs du pays, tout en se faisant respecter. En tant que jeune femme voyageant en solo, il te faut faire preuve d’un minimum de jugeote et de beaucoup de prudence.
La capacité de s’adapter aux moeurs d’une autre culture – aptitude qui ne remet aucunement en cause ta propre personnalité (j’ai pu constater que ce n’est pas clair pour tout le monde) – est l’essence même d’un esprit de backpacker (en opposition à une mentalité impérialiste de vacancier). C’est à la fois une question de respect des cultures dans lesquelles tu voyages et de leurs population, ainsi que la meilleure manière pour toi d’éviter les expériences désagréables.
Exemple de différences culturelles, les zones érogènes en Inde ne sont ni la poitrine ni les fesses d’une femme, mais ses épaules et ses cuisses. Pour un indien, une femme en jeans moulants, ça c’est une femme « super-sexy »!
Vêtements
Règle numéro un donc, faut pas provoquer. Vestimentairement, tu ne dois jamais montrer tes épaules et tes jambes. Les vêtements moulants, provocants ou transparents sont à proscrire, ainsi que les décolletés plongeant. Le mieux est d’adopter le salwaar kameez, l’habit des femmes indiennes. Il y en a des superbes pour pas un rond. N’hésite pas à te couvrir la tête ou le visage avec la dupatta, l’écharpe fine qui va avec, pour te soustraire aux regards insistants.
Ornements corporels et habitudes
Tatouages: si tu portes des tatouages, mieux vaut ne pas les exhiber, si c’est possible. En Inde, le tatouage a encore une réputation sulfureuse. Mis à part les tatouages tribaux et religieux, les personnes tatouées sont soit des délinquants ou des ex-tôlards, soit des prostituées. Parmi les jeunes citadins, le tatouage arrive peu à peu, mais reste encore réservé aux mouvements underground naissants et concerne peu les femmes, à l’exception parfois de petits tatouages discrets, voire cachés. Ce n’est de loin pas encore entré dans les moeurs, particulièrement dans les campagnes, les classes sociales basses et les milieux conservateurs (donc la grande majorité des indiens…).
Piercings: idem pour les piercings. Si tu en as qui sont visibles, mieux vaut les enlever durant ton séjour en Inde.
Fumée: pour les indiens, une femme respectable ne fume pas. Point. Donc si tu es une fumeuse, ne fume pas dans les lieux publics et dans la rue. Trouve-toi un petit coin discret quand l’envie te prend d’en fumer une. Assieds-toi à un tchaïshop par exemple, et fume discrètement.
Centre d’attention
Tu seras l’objet d’attentions parfois soutenues, notamment dans les transports publics et dans les zones touristiques. Cette attention n’est pas forcément mauvaise. Les indiens sont extrêmement curieux de nature. Il m’est arrivé de faire des trajets en bus où tous les passagers (et passagères) étaient morts de rire, en me dévisageant et en échangeant des commentaires en dialecte.
En train
Dans les trains aussi, tu seras l’attraction de tout le wagon et plein de gens viendront te voir et te demander d’où tu vient, si tu es mariée, etc. C’est pas méchant, mais c’est très répétitif et parfois un peu lourd. Prends une couchette en haut –« upper berth« -, qui te permettra de t’isoler un peu quand tu en auras marre. Il y a aussi des compartiments réservés aux femmes dans les trains, que tu peux demander quand tu achètes ton billet. Dans les bus, c’est plus tranquille que dans les trains. Il reste des bribes de galanterie britannique en Inde. Ainsi, si tu te retrouves confrontée à une longue file à un guichet de gare, tu peux sans autre passer directement tout devant et demander « ladies first ? ». On te laissera généralement passer tout de suite après le client qui est servi. Dans les gares, il y a toujours des salles d’attente réservées aux femmes.
Rapports hommes-femmes
Les rapports hommes-femmes ne sont pas les mêmes qu’en Europe. Bien que cela change dans les grandes villes avec les jeunes générations instruites, il n’y a généralement de rapports entre hommes et femmes que dans le cercle familial. A l’extérieur, ces rapport sont mal vus. Les mariages restent en grande partie arrangés par les parents et les relations sexuelles sont proscrites en dehors du mariage. Cette situation génère de grandes frustrations et les femmes occidentales sont souvent perçues par les jeunes comme une des rares opportunités d’avoir des relations sexuelles hors-mariage. Il suffit de peu pour leur donner de faux espoirs. Ne touche jamais un homme, même pour lui serrer la main: ça ne se fait pas. Salue avec les deux mains jointes. Evite les familiarités et les discussions scabreuses et garde toujours une certaine réserve, une certaine distance, physique et relationnelle, avec les hommes. Adresse-toi plutôt aux femmes qu’aux hommes.
Les jeunes hommes
De manière générale, fais gaffe aux jeunes hommes qui trainent dans les régions touristiques. Pour beaucoup de jeunes indiens, le mariage est la seule chance d’émigrer et certains cherchent intensivement… Garde toujours une certaine distance physique et n’hésite pas à dire que tu es mariée et que tu vas justement rejoindre ton mari à ta destination suivante. Evite de te retrouver dans un endroit isolé avec un groupe de jeunes hommes.
Attouchements
Ensuite, il y a les mains baladeuses… En raison de la mauvaise réputation des jeunes femmes occidentales, certains croient qu’ils peuvent se permettre n’importe quoi et vont essayer de te tripoter (attouchements furtifs de la poitrine et des fesses), surtout dans la rue. Ce genre de comportement n’est pas acceptable en Inde, même avec une occidentale, et ils le savent très bien. Ils n’essaieraient jamais avec une indienne et il n’y a aucune raison de l’accepter. Lorsqu’ils essaient avec une indienne, elles ont une sacrée répartie et les envoient chier vertement, voire leur filent des claques parfois. Faut faire pareil, quitte à créer un scandale. Tu auras le soutien de la population autour, car les indiens plus âgés et les indiennes ne cautionnent pas ce type d’attitude de la part de jeunes hommes. Le mec va se casser vite fait, penaud et très mal à l’aise.
Viols
Les viols, car il y en a même s’ils ne sont pas fréquents, ont essentiellement lieu dans deux situations:
- Si une femme est clairement défoncée ou bourrée. Ne consomme ni alcool, ni stupéfiants, même (surtout) si on t’en offre ou propose. Là, il a des risques importants. Garde toujours la tête claire.
- Sur les plages. Très pudiques, les indiennes ne se baignent jamais en maillot de bain, elles se trempent juste les pieds avec leur sari. Aussi, sur les plages, ne te mets pas en bikini (et bien sûr jamais topless ou en string), porte si possible un sarong autour de la taille, n’y va pas seule et ne va pas dans des lieux isolés. Car c’est sur les plages que de jeunes indiens viennent faire le plein de fantasmes et parfois tentent de les réaliser (mais jamais seuls…!). Tu constateras rapidement qu’il suffit que tu te poses sur une plage pour avoir une dizaine de mecs assis à proximité dans la demi-heure qui suit, tous regardant l’horizon avec une concentration impressionnante dès que tu les regardes.
Dans les grandes villes, si tu fais preuve d’un minimum de bon sens, il n’y a généralement pas de problème. Il semble néanmoins qu’il y ait une recrudescence des viols, notamment collectifs, ces dernières années. A Delhi, les plaintes pour viols se sont élevées à 650 par an en 2011 et 2012 (pour 17 million d’habitants). Difficile cependant de dire si c’est un phénomène en augmentation ou si c’est un tabou qui se brise avec la sensibilisation de l’opinon publique et la pression des médias. Mieux vaut donc faire preuve de prudence, particulièrement à la nuit tombée et dans les endroits peu fréquentés. Ne monte jamais en voiture avec des inconnus.
En cas de problème à Delhi, il existe un numéro d’urgence: 181, atteignable depuis un téléphone fixe ou un mobile.
Taxi services pour femmes
Dans certaines villes comme Delhi et Mumbai, il existe désormais des services de taxi pour femmes, avec chauffeuses professionnelles entraînées au self-defense, disponibles 24h/24, 7/7.
Sakha Cabs For Women
- Delhi: +91-11-927 870 8888 – site web
Priyadarshini
- Mumbai: +91-22-433 33 999 – réservations online
Viira Cabs
- Mumbai: +91 22 612 06 120 – site web
Hotel au féminin à Delhi
Pour celles qui seraient inquiètes côté logement, la Bed and Chai Guesthouse à Delhi est tenue par deux françaises. Je n’ai pas encore essayé, mais j’y passerai lors de mon prochain séjour à Delhi.
Holi
Une prudence particulière est conseillée lors de Holi, la fête des couleurs. Si cette fête est généralement très bon enfant dans le sud de l’Inde et au Népal, ce n’est pas toujours le cas dans le nord de l’Inde, particulièrement dans les grandes villes de la plaine du Ganges. C’est un peu l’équivalent de carnaval en Europe. C’est la période où à peu près tout est permis et les indiens évacuent une année de frustrations en tous genres. Les jeunes indiens se promènent en groupe, picolent souvent, ce qu’ils ne supportent pas, et parfois ça dégénère sous le mélange d’alcool, de bhang et de la frénésie ambiante. Il y a régulièrement des agressions.
Ashrams
Les ashrams, les gurus et les pseudo-sadhus dealers de charras, sont aussi à risques. Les ashrams sont des lieux clos où règne un guru tout puissant qui peut parfois placer sa spiritualité entre ses jambes et abuser de sa position dominante. Divers gurus renommés, comme Sai Baba, avaient (ont) la réputation d’avoir un faible charnel pour leurs disciples (pas que pour les femmes, d’ailleurs). Il faut donc être très prudente, bien te renseigner avant de t’y engager et toujours garder un oeil critique ouvert.
Anecdote – Lors d’une longue attente en gare, j’ai rencontré un couple d’occidentaux. Elle était complètement absente, le regard dans le vague, la plupart du temps. Son ami m’a raconté qu’elle allait régulièrement dans un ashram depuis plus d’une dizaine d’années pour pratiquer le yoga. Mais cette fois-là, le guru, en qui elle avait une totale confiance, s’est mis en tête d’avoir des relations sexuelles avec elle et lui a fait ingérer de la datura à son insu. Deux semaines plus tard, son ami s’inquiétant de ne pas avoir de nouvelles de sa part, est venu la rejoindre à l’ashram, où il l’a trouvée encore en plein délire hallucinatoire.
En cas de problème
Pour ce qui est des flics, évite-les le plus possible et ne compte pas sur eux en cas de problème… Si tu rencontres des problèmes, adresse-toi plutôt à des personnes d’un certain âge (hommes ou femmes), qui sont respecté-e-s par les jeunes. Dans les villages, tu peux demander à rencontrer le sarpanch du Panchayat, c’est-à-dire le chef du village.