Comme chaque fois qu’elle vient en Inde, Lavinia passe par la case henné. Je l’ai accompagnée durant sa séance de tatouage, dans une petie échope de Godaulia, la vieille ville de Varanasi.
Il est presque 21 heures quand on entre dans la boutique de tatouage au henné tenue par une jeune femme indienne. « Je fais mes propres motifs, j’espère que vous les aimerez » avertit-elle d’entrée, tout en installant Lavinia sur un banc le long du mur de l’échope. Elle a la causette facile. Elle sort son matériel, principalement des cônes en plastique souples remplis de henné, et se met au travail. « Il y en a pour vingt minutes, une demi-heure ».
Tout en travaillant, elle parle de sa vie. Son mari habite et travaille à quelques centaines de kilomètres de Varanasi et elle devrait être avec lui, mais elle a hérité du bâtiment où nous nous trouvons et a des problèmes avec un des locataires. La boulangerie d’à côté ne lui payant plus son loyer depuis longtemp, elle a dû lancer d’interminables procédures judiciaires. « Mais en Inde, c’est à peu près impossible de faire expulser un locataire, même s’il ne paie plus son loyer ». Elle doit donc rester à Varanasi pour suivre le dossier et avoir un oeil sur le voisin, dans l’espoir de lui voir un jour les talons. « C’est un gros problème pour moi, car je compte sur ce loyer pour vivre. En attendant, je fais des tatouages au henné pour arrondir les fins de mois. mais lorsque ce locataire sera parti, je pourrai enfin retourner avec mon mari ». Elle n’exclut pas cependant de pouvoir passer le voir à la fin de la saison touristique.
Tandis qu’elle travaille, son fils de trois-quatre ans tourne autour, fait une crise, pleure, hurle. Pour une question de jeu, apparemment. Elle, stoïque, lui répète inlassablement que c’est non. Il crise de plus belle…
Le henné appliqué, elle le fixe avec de l’huile et du jus de citron, puis couvre les mains avec de la ouate, que Lavinia devra garder tout le nuit. Pour le moins handicapant, mais le résultat en vaut la peine. Il tiendra encore plusieurs semaines après le retour de Lavinia.