Iran 2012 – Tabriz – Masuleh, bus de nuit

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Je quitte l’Azarbaijan Hotel de Tabriz vers 20h45 et prends un taxi au croisement avec Imam Khomeini street. Une 405 récente avec un chauffeur qui plus une tête d’universitaire que de taximan et qui écoute de la musique sympa. Il me dépose à l’arrière du terminal et m’escroque 100’000 rials pour un trajet qui en vaut max 40’000. Peut-être est-ce la Peugeot neuve ou le tarif du vendredi… enfin bref, je fais la gueule, mais comme j’ai pas demandé le prix avant de monter, je peux pas faire grand-chose de plus.

La nuit tombe et je pénètre dans la gare routière en descendant un escalier bordé de bulbes lumineux qui changent lentement de couleurs saturées. Le ciel est dégagé, mais il souffle un vent à décorner les bœufs. Je trouve mon quai et mon bus qui attend. J’ai déjà mon billet, acquis hier pour 150’000 rials.

Grand luxe

Le bus terminal de Tabriz au crépusculeUn Scania Oghob flambant neuf. Deux larges sièges à droite, un seul à gauche. Les clapets de l’air conditionné fonctionnent, des messages défilent sur un écran à diodes. On y prie Allah de nous procurer un voyage en toute sécurité, on nous prie, nous, de ne rien jeter par terre, de s’occuper de l’éducation de nos enfants de manière à ce qu’ils ne foutent pas le bordel dans le bus, de ne pas parler au chauffeur mais à son assistant et, en cas d’urgence, de sortir par les fenêtres en les cassant à la hache. Sic. Mais je crois qu’ils voulaient parler des petits marteaux en plastique rouge prévus à cet effet et accrochés sur les parois du bus. C’était indiqué en anglais, ce n’est pas moi qui ai fait des progrès fulgurants en farsi.

Départ à 21h45. On va passer par Ardabil et Astara pour rejoindre Rasht. Je ne sais pas si j’ai été conditionné par ce que j’ai entendu sur Ardabil, mais je me sens un peu inquiet pour mon matos et je trouve qu’ils ont tous des tronches de truands dans ce bus. Je dois être un peu parano… d’autant que sur le siège devant moi se trouve une charmante iranienne éplorée qui vient de vivre une douloureuse séparation sur le quai dont j’ai été témoin. On est dirigés vers la sortie par des bornes en néon bleu ou rouge. A la limite du terminal, une guérite éclairée au sol par des diodes rouges, vertes, bleues, jaunes et blanches. On prend la route. En sortant de Tabriz, je constate que dans l’autre sens, la route est complètement embouteillée sur des kilomètres. Une ambulance, gyrophares tournants, est coincé au milieu du trafic.

L’heure de la prière

Première halte dans une station service-restaurant une heure plus tard. Je sors du bus pour en griller une. On ne sait jamais quand sera la suivante. Je suis accueilli par un vent tempétueux et glacé. En manches courtes, il fait un froid de canard. Ma clope finie, je pars aux toilettes et quend j’en ressors, je vois deux mecs en train de sa laver les pieds aux lavabos. Surpris, je m’interroge. Je sors. Puis, j’en vois un des deux, chaussettes à la main, qui en sors pour s’engouffrer dans une petite salle vitrée attenante, couverte de tapis. Il s’en va prier, en fait.

Au son de la psytrance de mon iPod, je traverse des villes endormies où brillent des giratoires multicolores. Ils s’éclatent, ici, avec les diodes et les tubes néons. On s’arrête à des postes de contrôle. Je regarde tout cela, puis finis par sombrer dans le sommeil, bercé par Krishna Das.

Rasht – Fuman en savari

Lorsque je me réveille, vers 6h30, nous sommes déjà dans la périphérie de Rasht et rejoignons peu après le terminal. Des taxis attendent. Prix fixes, donnés par un dispatcheur qui distribue les destinations aux taximen sur le quai. Comme c’est super tôt, je décide de tirer directement jusqu’à Masuleh sans s’arrêter à Rasht, bien que je ressente la mauvaise nuit dans le bus. Pour 30’000 rials, je prends un taxi jusqu’à Yakhsazi square, point de départ des savaris pour Fuman. 

Un savari à RashtLà, j’en trouve un qui attend encore de se remplir. Ils partent quand ils sont pleins. Vingt minutes plus tard, départ. On traverse des campagnes luxuriantes, avec des rizières gorgées d’eau ça et là. Des arbres et de l’herbe à perte de vue. Ça change des paysages arides que j’ai vu jusqu’ici. Quelques personnes descendent en chemin, à la demande. Une demi-heure plus tard, Fuman. Terminus, tout le monde descend. Le chauffeur me fait signe de descendre aussi. On est au bord d’une rue, à l’entrée d’une place. Ni taxi, ni savari, ni terminal à vue. Je lui demande où sont les savaris pour Masuleh. Il me fait un signe vague dans une direction. Je me dis que je verrai bien et je lui paie les 6’000 rials du trajet. Un chauffeur de taxi m’aborde peu après, me proposant de me conduire à Masuleh pour 100’000 rials. Je lui réponds que j’y vais bien, mais que je cherche un savari. Il n’insiste pas et m’indique la même direction. Je poursuis ma route dans la dite direction, sac sur le dos. Trop lourd. Il faudra que je l’allège à l’avenir.

Un jeune gars m’aborde en forçant sur l’accent américain. Il va à un examen d’anglais et n’a pas trop le temps, mais voulait tout de même faire la causette. Je lui dit que je vais à Masuleh. Passe alors un de ses amis. Son best friend, dit-il. Qui glande apparemment et me propose de pousser en voiture jusqu’à Masuleh pour 500’000 rials. Je lui dis qu’il est bien gentil, mais que c’est un peu cher et que je cherche un savari. Il insiste pas. Je souhaite un bon examen à son pote et m’en vais.

Cent mètres plus loin, je tombe sur un groupe de taximen. Pas de savari à l’horizon. Un d’entre eux parle deux-trois mots d’anglais et me propose de me pousser à Masuleh pour 100’000 rials. Glauque de ma nuit dans le bus, j’accepte, d’autant qu’il me demande le même prix que le premier. Et en voiture, Simone ! J’apprendrai pas la suite que les iraniens, en marchandant, paient 60’000 rials.

Je tombe sur le Fangio local. Il a dû faire du rallye (ou peut-être du stock-car ?) dans le passé. Je me mets aussi à prier Allah pour qu’on ait un « safe trip », comme ils disaient dans le bus. Mes premières crispations passées, je découvre un paysage superbe. Alors que nous sommes sur une vaste plaine légèrement ondulée, au loin se découpent, par strates, des montagnes couvertes de forêts. J’essaie de prendre quelques photos à travers le pare-brise, mais celui-ci est tellement dégueulasse que mon autofocus refuse d’aller au-delà (voir la photo en haut de page). Bon, je passerai le bras par la fenêtre, au risque de le perdre…

Les montagnes se rapprochent, on pénètre dans une large gorge et là, surprise: je me retrouve dans un décors à mi-chemin entre le Jura et les Alpes, les sapins en moins, mais tout aussi arborisé. Je suis sidéré par la ressemblance.

La route entre Fuman et Masuleh, peu avant d'entrer dans les montagnes

On arrive alors à un « tax stop » adjoint d’une guérite vide, que mon taximan passe sans ralentir. Derrière, la route est séparée en deux par des bacs à fleurs non entretenus. Devant nous, une pelle mécanique se traîne à 15 km/h. Mon chauffeur pile derrière. Impossible de dépasser. Je le sens qui trépigne, s’exaspère. Mais ça ne dure pas longtemps. Peu après, on arrive au bas de Masuleh. Le village est très escarpé et au-dessus de nous. La route se poursuit et je lui demande de monter. Il refuse.

La route d'accès au village, depuis les bas de Masuleh

Je descends donc, le règle, récupère mon sac à dos dans le coffre, prends mon courage à deux mains. Je snobe l’hôtel qui se tient juste à côté, car trop au bas du village et donnant sur la route, et aborde la montée, à pince. Avec juste l’envie de me coucher et de récupérer les heures mal dormies dans le bus. Il est neuf heures sonnantes.

Infos du voyage

  • Trajet Tabriz – Rasht: 9h, 150’000 rials
  • Rasht: du bus terminal au départ des savaris à Yakhsazi square: dix minutes en taxi, 30’000 rials
  • Rasht – Fuman en savari: une demi-heure, 6’000 rials. Départs fréquents
  • Fuman – Masuleh en taxi: 100’000 rials
  • Pour Masuleh, voir ici.
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