Iran 2012 – Shiraz–Tabriz: 21h30 de bus

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Pour aller à Persépolis, l’hôtel m’avait proposé un jeune chauffeur, Hamed, avec qui ils travaillent. Vu les difficultés que j’avais rencontrées à Téhéran pour acheter un billet de bus, J’ai demandé à ce qu’on s’arrête en chemin au Carandish Bus Terminal pour acheter le billet Shiraz – Tabriz. Comme le chauffeur est venu me chercher à l’hôtel, je lui ai fait expliquer par Sarah, la réceptionniste, ce que je voulais. Arrivés au terminal, il est venu avec moi et a pu m’aider pour obtenir le bon bus. Mais la femme au guichet parlait un peu anglais, cette fois-ci. J’ai payé 200’000 rials pour le trajet Shiraz-Tabriz en bus Volvo, 21h30 de route. Départ à 13h30, arrivée vers 11h le lendemain.

Au Carandish Bus Terminal

Un taxi (30’000 rials) me dépose au Carandish Bus Terminal. A peine entré dans le terminal, un galonné m’accoste et me demande si je vais à Tabriz. Un peu étonné, je lui dis que oui, tout en me demandant si c’est quelqu’un de la compagnie de bus qui est venu m’attendre. Mais non, lorsque je lui ai montré mon billet, il tourne les talons. Je trouve ensuite facilement mon quai de départ et mon bus. Les numéros des emplacements sont d’ailleurs indiqués en chiffres occidentaux. Je suis un peu en avance. Il est une heure, le muezzin résonne sur les quais. Je m’assieds sur un banc.

Rudadad, un baloutche pakistanais

Presqu’immédiatement, un homme, très typé asiatique, vient s’asseoir à côté de moi. Tout de suite, il entame la conversation dans un anglais un peu hésitant. Il vient de Quetta, une importante ville du Baloutchistan, où il vit avec sa femme et sa fille. Trois jours de bus pour y arriver, via Zahedan. Il m’explique qu’habitant le Baloutchistan sa langue maternelle est le farsi, mais qu’à l’école, il a aussi appris l’urdu et l’anglais. Il ne peut malheureusement y pratiquer ce dernier car la région est au bord de la guerre civile avec les Talibans, qui tuent en moyenne deux à trois personnes par jour, rien que dans Quetta, lors de fusillades, d’attentats à la bombe ou d’exécutions sommaires. Il semble très affecté par la situation et ne pense rien de bon des intégristes.

Aussi, lorsqu’il croise des occidentaux, il va vers eux pour pratiquer l’anglais, car il n’a pas envie de le perdre. Lorsqu’il m’a vu arriver, il a fait en sorte de pouvoir venir discuter un moment avec moi.

Son bus devait partir à midi. Le départ a été repoussé à treize, puis quatorze heures.

Sur la route de Tabriz avec Fashi

Fashi, entre Shiraz et TabrizVient l’heure du départ. On démarre à 14 heures. Je me retrouve assis à côté d’un jeune iranien super speed. Il a aussi une démarche très volontaire, un peu le mec qui se la joue. Il ne parle pas anglais, mais on communique avec les mains. J’essaie avec mon phrasebook, mais c’est trop difficile d’entretenir une conversation avec. Apparemment, il bosse sur Photoshop et me demande si j’ai des photos de la Suisse. Je lui montre les quelques unes que j’ai dans mon iPhone. Comme mon chauffeur pour Persépolis, il s’extasie. Mais je n’en ai pas beaucoup, alors je lui monte les photos d’Iran que j’ai dans mon appareil photo. Il me le prend des mains et sur chaque photo où apparaît un bout de visage féminin, il zoome dessus au maximum. J’aurais appris un mot en farsi durant le voyage : « ashang », superbe.

Puis soudain, il s’en désintéresse, je récupère mon appareil et commence à prendre quelques clichés.  Il se met alors à me faire un cours de cadrage de photos.

Une heure plus tard, il se cale dans son siège. Comme un fils, il pose tendrement sa tête sur mon épaule et somnole. Dans un demi-sommeil, il s’étire, puis enroule ma tête dans son bras, avant de passer ce dernier autour de mon cou. En Suisse, on n’est pas trop habitué à ce genre de gestes entre mecs… Mais ici, ça a l’air tout à fait normal.

Dans le bus, la clim’ est à fond. J’ai deux buses qui m’arrivent dessus, plus une troisième juste au-dessus de moi, une grosse dirigée vers la vitre, mais aussi sur ma tête et mon épaule droite. L’air qui en sort doit être 4 ou 5 °C. J’avais prévu une petite couverture, mais elle se révèle insuffisante. Le temps passe, le bus ne s’arrête pas, ou juste le temps de laisser monter et descendre des passagers. Mon sac à dos – et donc mes affaires pour le froid – est en soute. Le temps passe, l’envie de clope augmente. Le temps passe, le besoin s’uriner s’accentue.

Milan, un étudiant en météorologie, entre Shiraz et TabrizVers 18h30, on s’arrêt enfin. Pause snack. Je fume une clope, sors mon pull en polaire et mange un sandwich kebab avec un doogh. Au retour dans le bus, Fashi a fait un échange avec un autre passager pour poursuivre une conversation. Je me retrouve avec Milan, un étudiant en météorologie. Il comprend un peu l’anglais mais ne le parle pas vraiment. Milan habite à Maku, dans le Kurdistan iranien et étudie à Shiraz. Il rentre pour quelques jours. Lui, c’est le genre intello calme, le mec posé.

La nuit tombe. Je prends quelques photos du paysage. Fashi, qui est assis de l’autre côté du bus, direction soleil couchant, m’emprunte mon appareil pour photographier le crépuscule. Le résultat est pour le moins décevant. Moi qui m’attendais à quelqu’un de calé en photo, je reste sur ma faim.

Vers 22h30, arrêt bouffe cette fois de trois quart d’heure dans la région de Qom. Je bois un doogh et mange un excellent kebab au poulet.

Une nuit dans le bus

Le bus Shiraz-Tabriz

Lorsqu’on reprend la route, le bus s’endort. Je sors mon iPod et rêvasse. Vers 2h du mat’, nouvel arrêt entre Téhéran et Quazvin. La température extérieure a beaucoup baissé, mais reste élevée dans le bus. Le chauffeur a arrêté la clim’ depuis longtemps, mais la relance de temps à autres. Maintenant, elle passe bien. Je m’endors vers 2h30, iPod dans les oreilles, cache sur les yeux. Je passe plutôt une mauvaise nuit.

Je me réveille vers 7 heures. Il fait jour. Encore quatre à cinq heures de route, me dis-je. Nous sommes toujours dans un paysage montagneux, mais la terre est devenue plus rouge et un fin duvet vert couvre les monts alentours. Je remarque un ou deux petits lacs à proximité de la route. Puis un panneau routier indique Tabriz à 25 kilomètres. On a bien roulé et on est en avance sur l’horaire, ce qui n’est pas pour me déplaire après une nuit dans le bus.

Arrivée dans l'Azerbaijan iranien, vers 7h du mat'

Arrivée à Tabriz

En entrant dans Tabriz, la route surplombe la ville, qui se révèle gigantesque, répandue dans une vallée entourée de montagnes basses. Arrivés au bus terminal, des chauffeurs de taxi nous attendent. J’en trouve un qui connaît l’hôtel dans lequel je souhaite descendre. Mais je n’y logerai pas.

Les photos du trajet

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