Iran 2012 – Shiraz – La famille falafels

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Je suis sorti vers 22 heures ce soir, pour aller croquer un truc. Vu l’heure avancée, je voulais juste manger un petit quelque chose sur le pouce le long de Zand Boulevard.

Parti de l’hôtel à Anvari Street, je marchais en direction du centre-ville lorsque, un peu après le bâtiment de la Melli Bank qui se trouve de l’autre côté du boulevard, je tombe sur une femme d’un certain âge, un peu enveloppée, qui vend des falafels derrière une petite cantine vitrée en métal, montée sur roues. Derrière elle, son mari, accroupi devant un réchaud à gaz surmonté d’une bassine d’huile bouillante, prépare les falafels à la minute et peine à suivre le rythme.

Je m’approche donc et demande en falafel. Madame me fait gentiment comprendre qu’il y en a d’autres avant moi et que je dois attendre. Je lui dis ok, pas de problème. Une fois servi, je me rends compte que j’ai bien fait d’attendre: ce sont les meilleurs falafels que j’aie mangés depuis longtemps. Les boulettes sont chaudes, croustillantes et tendre, la garniture d’enfer. Il me semble qu’elle arrive au bout de son stock de petits pains. Je pars pour aller acheter des clopes et j’en profite pour boire un thé au passage, auprès d’un vieux marchant ambulant.

Comme c’était trop bon et que je n’ai à peu près rien ingurgité de solide de la journée, je me dis que je vais m’en faire un deuxième au retour. Mais à cette heure, les marchands de rue commencent à fermer boutique. Je ne la retrouve pas et me dis qu’elle a plié bagages. je commence à regretter de ne pas être sorti plus tôt. Puis, non, je tombe sur elle un peu plus loin. Elle me reconnais, me souris, me demande ce que je veux. Je lui mime que j’en veux encore un et qu’ils sont vachement bons, ses falafels. Etonnée, elle me fait comprendre qu’il y a encore plus d’attente qu’auparavant. Je lui dit, pas de problème, j’attends. Je fais le pied de grue un moment à côté de sa cantine, puis un des clients assis sur un cageot à côté de son mari s’en va. Elle me dit de m’asseoir, ce que je fais.

Lui, m’accueille d’un grand sourire et me demande si je viens de Yougoslavie. Je lui dit que non, que je viens de Suisse. On engage la conservation avec deux-trois mots d’anglais, de farsi et les mains. Il a cinq enfants, dont trois qui tournent autour du stand. D’autres clients, assis ou debout, se mêlent à la conversation.

Tout en discutant, je l’observe qui façonne ses falafels et les fait cuire dans l’huile. Au bout d’un moment, je n’y tiens plus. Je lui demande si je peux faire quelques photos pendant qu’il travaille. Ce qu’il accepte volontiers, avec un grand sourire. 

En partant, plus que rassasié, je demande à sa femme si je peux aussi faire une photo d’elle derrière sa cantine. D’abord elle ne comprend pas et acquiesce avec un grand sourire. Puis, de derrière, son mari lui explique que je veux la photographier. Je lui aurais sorti un serpent sous le nez, elle n’aurait pas plus sursauté! son visage s’est décomposé et elle s’est mise à secouer vigoureusement de la tête. J’ai battu en retraite…

En Iran, les femmes n’aiment pas être prises en photo.

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