Ben non, en deux semaines, tu ne pourras pas visiter Delhi, le Rajasthan, Agra, Varanasi, le Kerala, puis passer quelques jours sur une plage à Goa. Désolé… Comme déjà dit, l’Inde est un pays gigantesque, un sous-continent.
- New Delhi, c’est 16 millions d’habitants (47 km2), l’agglomération de Mumbai 22 millions sur 600 km2 et celle de Calcutta 16 millions (187 km2). Paris 2.3 millions (105 km2).
- La distance entre l’extrême nord et l’extrême sud, ainsi qu’entre l’extrême est et l’extrême ouest, fait dans les 3’000 km, soit la distance entre Gibraltar et Stockholm.
- La superficie de l’Inde fait 3.3 millions de km2, soit six fois celle de la France (675’000 km2) L’Union européenne fait 4.3 millions de km2.
- Les transports terrestres sont lents: 30 à 40 km/h en voiture, 50 km/h en train, 30 km/h en bus (15 à 25 km/h en montagne).
Il faut garder ces chiffres en tête quand tu prépares un voyage en Inde. C’est essentiel.
A la japonaise
On connait les voyages organisés des agences japonaises: les touristes font le tour de l’Europe en 15 jours, s’arrêtant juste le temps de se faire prendre en photo devant les monuments historiques principaux, avant de courir jusqu’au prochain. Quinze minutes à la Tour Eiffel et à Montmartre, deux heures au Louvre. On a « vu » la France et on passe à une autre capitale. Mais qu’ont-ils vu de la France, au juste ? C’est possible de passer des vacances comme ça, mais perso, je ne conseille pas ce tourisme-là. C’est passer complètement à côté de ce qui fait de l’Inde un pays à part. Autant se faire un bon docu à la maison.
Prendre le temps, prendre le rythme
Pour un premier séjour en Inde, je te conseille deux mois minimum. C’est le temps qu’il te faudra pour te remettre du choc culturel, commencer à avoir des repères, comprendre comment ça fonctionne, détruire quelques préjugés sécuritaires et pouvoir te mettre à apprécier vraiment le pays et t’y sentir à l’aise. Avec des séjours plus courts, tu resteras sur une vision trop superficielle, ethnocentrée. L’Inde doit s’apprivoiser, on doit s’y immerger. On n’y voyage pas comme on passe des vacances aux Etats-Unis ou en Australie. Il faut en prendre le rythme. Stresser en Inde, concept totalement inconnu des indiens, est la dernière chose à faire: catastrophe garantie! Or, s’acclimater demande du temps.
« Faire l’Inde » en deux semaines ?
Comme on l’a vu, les distances sont grandes et les transports très lents. Moi-même, en plus d’une année passée sur place, je n’ai pas encore réussi à voir le 20% de ce que j’ai envie d’y voir. Il est illusoire d’espérer « faire l’Inde » en quelques semaines. Si c’est le temps que tu as à disposition, il te faut faire des choix. Le mieux est de cibler une région, comme le Rajasthan, le Kerala ou le Ladakh, par exemple, et de prendre le temps de s’y balader en profondeur. N’aies pas peur d’être frustré, tu le seras de toute façon au moment du départ, quoi que tu fasses. Si tu as croché, tu feras comme nous tous, addicts de l’Inde, tu y reviendras!
Va à la découverte de l’Inde contemporaine
L’Inde a certes de très beaux monuments historiques, mais l’intérêt de ce pays n’est pas là à mon avis. Ce n’est pas sur les vestiges de sa gloire passée qu’il faut focaliser, d’autant qu’ils sont omniprésents. L’intérêt pour moi réside dans sa culture raffinée et complexe: musiques, danse, gastronomie, spiritualité, histoire, architecture. Il réside dans le fait que cette culture est intégrée dans le quotidien, offrant des scènes incroyables si tu pars à leur recherche. Le spectacle est dans la rue, il surgit à l’improviste, mais il te faut prendre le temps de te perdre dans des quartiers populaires, t’enfiler dans les petites ruelles, suivre les odeurs et les chants, t’aventurer dans un petit temple paumé, t’asseoir devant un tchaï-shop ou sur des ghats quelques heures durant et regarder l’Inde évoluer autour de toi. Va voir des concerts de musique classique indienne, participe à ces cérémonies religieuses. Rencontre des gens, discute, pose des questions. Les indiens s’intéressent beaucoup à la politique (c’est une démocratie très dynamique !), aux sciences, aux arts. Sois curieux, quoi… et les indiens adorent expliquer leur pays. Tout cela ne peut se faire en courant et en passant une journée par ville, à plus forte raison autour des sites touristiques.
Préparation de ton itinéraire
Le meilleur conseil que je puisse te donner, c’est de ne pas planifier d’itinéraire précis, genre. jour 1: Delhi, jour 2: Agra, jour 3: Varanasi, jour 4: Bodhgaya, etc., mais plutôt de repérer les lieux qui te plaisent et les régions qui te parlent (utilise le petit bonhomme jaune de Google Maps à placer sur les petits points bleus ! super outil). Focalise sur une région. Repère sur une carte les lieux qui t’intéressent et marque-les. Ensuite, tu voyages avec ta carte et ton guide, tu passes le temps que tu passes à chaque endroit. Dans certains, tu resteras une semaine, dans d’autres tu partiras le lendemain; question de feeling. Et tu vas jusqu’où tu peux avec le temps à disposition. Laisse-toi cette liberté. A la fin de ton voyage, n’oublie pas de prévoir, dans tous les cas, d’être au moins 48h avant ton vol dans la ville de l’aéroport. Il y a souvent des imprévus pour rejoindre les grandes villes (trains en retard, moteur du bus qui pète, jours fériés, grèves, etc.) et comme je l’ai dit ci-dessus, rien de pire que de stresser en Inde. Si vraiment tu tiens à faire un planning, ne le fais pas trop serré. Imagines-tu de visiter Paris en une seule journée ? Compte en moyenne quatre à cinq jours par endroit et un jour de déplacement entre deux.
Les déplacements
(à venir…)
De nuit
Train: Il peut être tentant de te dire que tu vas utiliser les transports de nuit pour profiter un peu plus des destinations la journée. Bon, tout d’abord, tu risques bien de voyager un peu de nuit si tu prends le train car leurs horaires ne sont pas toujours idéaux, genre le seul train arrive à 3h du mat’. Mais surtout tu ne gères pas les retards: il arrive qu’un train soit prévu pour 22h, mais arrive avec 10 ou 12h de retard. Du coup, ta nuit tu la passes sur le quai de gare et c’est pas là que tu dors le mieux. Ensuite, on dort mal dans les transports publics en Inde. C’est ok une nuit de temps en temps, mais trop rapproché, c’est épuisant. Or, quand tu es épuisé en Inde, ça se voit. En tous cas par ceux qui sont là pour ça: rabatteurs et arnaqueurs. Ils ont l’oeil. De plus, on se fragilise et c’est dans ces moments-là qu’on tombe facilement malade. Le plaisir de se balader en ville diminue également quand on est claqué. On devient aussi facilement irritable, ce qui n’est pas bon en Inde. Si tu traverses l’Inde en train du nord au sud, ce qui prend dans les 50 heures, tu passeras deux à trois nuits d’affilée dans le train. Tu seras raide en arrivant. Prévois toujours de te poser quelques jours à l’arrivé avant de reprendre la route.
Bus: Dormir dans un bus public, c’est à peu près mission impossible à cause de l’état des routes et de la disposition des sièges. L’espace pour les jambes est souvent trop court pour nous autres, occidentaux; les dossiers des sièges sont parfois à 90° et en bois. Les bus s’arrêtent aussi de temps à autres pour des pauses pipi et bouffe. Les autres voyageurs vont et viennent, les lumières s’allument, s’éteignent.
Voiture: Quant aux véhicules privés (taxis & Co), ils ne roulent pas la nuit, pour des raisons de sécurité.